Lundi dernier, Human Rights Watch a rendu public un rapport dénonçant la répression exercée au Sénégal contre l’opposition, les médias et la société civile, à l’approche de l’élection présidentielle prévue pour le 25 février. Selon l’ONG, cette situation alarmante met en péril les fondements démocratiques du pays.
La ministre de la Justice sénégalaise, Aïssata Tall Sall, a répondu à ces allégations à Genève en assurant que toutes les libertés politiques et d’opinion étaient reconnues, acceptées et exercées dans son pays. Elle a également souligné que le Sénégal garantirait le bon déroulement de l’élection présidentielle dans la paix, la stabilité et le respect des principes républicains et démocratiques.
Confrontation politique et troubles meurtriers : une situation préoccupante
HRW déclare que les autorités sénégalaises répriment l’opposition, les médias et la société civile à l’approche des élections générales. Selon l’ONG, la promesse du président ماكي سال d’organiser des élections libres et équitables entre en contradiction avec l’emprisonnement massif d’opposants politiques au cours des trois dernières années, marquées par le bras de fer entre l’opposant Ousmane Sonko et l’État.
Cette confrontation a engendré des épisodes de troubles meurtriers, mettant en lumière une situation politique volatile et préoccupante. Ousmane Sonko, emprisonné depuis juillet, voit sa candidature récemment écartée par le Conseil constitutionnel, suscitant des interrogations sur l’équité du processus électoral.
Répression violente et violations des droits : la situation s’aggrave
HRW rapporte que, lors des troubles depuis 2021, au moins 37 personnes ont perdu la vie au Sénégal, sans qu’aucune ne soit tenue responsable. L’ONG dénonce l’usage excessif de la force par les services de sécurité, citant des témoignages de 34 membres de l’opposition, de la société civile, de journalistes et d’avocats. Elle estime que près de 1 000 membres et militants de l’opposition ont été arrêtés dans tout le pays depuis 2021, mettant en lumière une répression violente et généralisée.
Parmi les violations des droits signalées, on retrouve les mauvais traitements infligés aux prisonniers, les interdictions de manifestations, les arrestations arbitraires de journalistes, la suspension de médias et les restrictions d’accès à l’internet mobile et aux réseaux sociaux.
Défense officielle et examen périodique devant l’ONU
La ministre de la Justice s’est exprimée lundi à Genève devant le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU lors d’un examen périodique de la situation dans le pays. Dans son discours, elle n’a pas fait mention du rapport de HRW mais a affirmé que le Sénégal était un pays de droits et de libertés, où toutes les libertés étaient exercées sans entraves.
Elle a souligné que seulement 1,5% des manifestations étaient interdites, et ce, uniquement en raison d’un risque de trouble à l’ordre public. La ministre a également affirmé l’indépendance des tribunaux, déclarant que l’usage de la force était totalement réprimé et judiciairement sanctionné. Évoquant les troubles de juin 2023, elle a assuré que toutes les responsabilités seraient situées et tous les fauteurs sanctionnés conformément à la loi, qu’ils fassent partie des manifestants ou des forces de l’ordre. Enfin, elle a nié toute poursuite judiciaire contre des journalistes pour avoir exprimé leur opinion, précisant que ceux qui ont été inquiétés l’ont été pour des faits de droit commun.