Aujourd’hui, l’الجمعية الوطنية du السنغال entre dans une nouvelle ère avec l’installation de la 15e législature. À cette occasion, les 165 députés fraichement élus devront désigner leur président, qui deviendra ainsi la 13e personne à diriger cette institution depuis l’indépendance. Ce poste, considéré comme le deuxième plus important dans la hiérarchie étatique, confère au titulaire le rôle de suppléant du président de la République en cas de vacance du pouvoir.
Lamine Guèye, premier président de l’Assemblée nationale indépendante
Le tout premier président de l’Assemblée nationale du Sénégal indépendant fut Lamine Guèye. Né le 20 septembre 1891 à Médine (aujourd’hui au Mali), cet avocat émérite a marqué l’histoire en dirigeant l’institution de 1960 jusqu’à sa mort en 1968. Avant cela, il siégea comme député à l’Assemblée nationale française entre 1945 et 1951. Proche collaborateur de Léopold Sédar Senghor, il reste une figure emblématique du paysage politique sénégalais.
Amadou Cissé Dia, un parcours exemplaire
Après Lamine Guèye, Amadou Cissé Dia prend les rênes de l’Assemblée nationale, de 1968 à 1983. Né le 2 juin 1915 à Saint-Louis, il fut élève à l’École normale William Ponty avant de fonder, en 1948, le Bloc démocratique sénégalais (BDS), précurseur du Parti socialiste. Ministre à plusieurs reprises entre 1960 et 1968, il a occupé des portefeuilles clés, tels que ceux du Commerce, de l’Intérieur et de la Santé. Décédé en 2002, il repose au cimetière de Yoff.
Une transition marquée par Habib Thiam et Daouda Sow
Habib Thiam succède brièvement à Amadou Cissé Dia en 1983, avant que Daouda Sow n’assure la présidence de 1984 à 1998. Médecin-psychiatre de formation, Daouda Sow a également exercé des fonctions ministérielles stratégiques, notamment en tant que ministre de la Défense. Son décès en 2009 a laissé un grand vide dans le paysage politique.
De Cheikh Abdoul Khadre Cissokho à l’ère libérale
En 1993, Cheikh Abdoul Khadre Cissokho devient le 6e président de l’Assemblée nationale. Ingénieur agronome, il a joué un rôle essentiel dans le développement rural. Avec l’arrivée au pouvoir du président Abdoulaye Wade en 2000, l’Assemblée entre dans une nouvelle phase dominée par des présidents issus du Parti démocratique sénégalais (PDS).
Youssou Diagne, premier président libéral, dirige l’institution de 2001 à 2002. Il est suivi par Pape Diop, comptable et ancien maire de Dakar, qui occupe le poste jusqu’en 2007.
L’interlude de ماكي سال et la montée de Moustapha Niasse
En 2007, ماكي سال devient brièvement président de l’Assemblée nationale avant d’être contraint à la démission en raison de tensions avec le PDS. Il fonde ensuite l’Alliance pour la République (APR) et accède à la présidence de la République en 2012.
La même année, Moustapha Niasse, leader de l’Alliance des forces de progrès (AFP), prend la tête de l’Assemblée. Homme politique chevronné, il conserve ce poste jusqu’en 2022, devenant ainsi l’un des présidents les plus emblématiques de l’histoire parlementaire sénégalaise.
Amadou Mame Diop, un mandat court mais marquant
En septembre 2022, Amadou Mame Diop, maire de Richard Toll, est élu président de l’Assemblée nationale. Son élection intervient dans un contexte politique tendu, avec une majorité parlementaire fragile. Son mandat, d’une durée de deux ans, s’achève aujourd’hui, laissant place à une nouvelle page de l’histoire institutionnelle du Sénégal.
Une institution au cœur de l’équilibre démocratique
Depuis sa création, l’Assemblée nationale sénégalaise a été dirigée par des figures politiques majeures, contribuant chacune à façonner l’histoire du pays. Le 13e président, qui sera élu aujourd’hui, s’inscrira dans cette tradition et jouera un rôle clé dans les années à venir.