Né le 10 mai 1940, dix ans après l’appel de Baye à la Fayda Tijaniya, Cheikh Baba Lamine Niass est un personnage d’exception dont la naissance revêt une signification particulière.
À l’âge de cinq ans, Baye l’inscrit dans une école coranique où il acquiert une maîtrise du Coran à seulement douze ans. Doté de multiples diplômes dans divers domaines, Cheikh Baba est un polyglotte indéfectiblement engagé dans la noble mission de son vénéré père, El Hadj Ibrahim Niass (RTA).
Lors de chaque célébration de la naissance du prophète Mohammed (PSL), il siège fièrement sur le trône de Baye, accompagnant les fidèles jusqu’aux premières lueurs du matin dans les méandres de « Sirra Rassoul ».
Un influent pacificateur et défenseur de la religion
Le Cheikh entreprend de nombreux voyages tout au long de l’année. Cependant, il se distingue principalement par son rôle crucial dans la lutte contre les incompréhensions religieuses. À l’instar de Baye (RTA), il rectifie les interprétations erronées émanant de certains oulémas de l’islam.
Il accorde un profond respect à tous ceux qui le connaissent, incarne pleinement l’image de Cheikh Al Islam et représente une source miraculeuse de connaissance divine. Ses paroles cohérentes et empreintes de douceur captivent et fascinent ceux qui ont la chance de l’écouter. Par ailleurs, il s’implique activement dans la résolution des malentendus entre le Sénégal et le Maroc, deux pays fraternels, notamment concernant la question du Polisario.
Sa dévotion envers tout ce qui concerne le bien-être de la société est un reflet des aspirations de chaque musulman. C’est pourquoi il est appelé « Al Amine« . Il faut souligner que ces propos ne sont nullement le fruit d’un fanatisme aveugle, mais plutôt le témoignage de l’empreinte que Baba laisse chaque jour dans l’histoire de la Tijaniya. En effet, il a formé de nombreux Moqadems qui s’investissent activement et avec efficacité dans la mission de Baye.
La visite mémorable chez Cheikh Saliou Mbacké (RTA)
Ibrahim Mahmoud Niass, surnommé « Baye Touti », neveu de Baye Niass et fils de Mahmoud Niass, l’un des fidèles soldats de Baba Lamine, nous raconte la célèbre visite de Baba chez son ami Cheikh Saliou Mbacké (RTA).
Dès leur arrivée à Touba, Cheikh Baba et Baye Touti Niass sont rapidement interpellés par les disciples vigilants de Cheikh Saliou, qui leur ordonnent de retirer leur bonnet avant d’être reçus par ce dernier.
Baye Touti Niass raconte que cela ne dure guère, car quelqu’un les reconnaît immédiatement et déclare aux gardes :
« Ceux-là sont des saints de la Tijaniya, ils sont les amis de Cheikh Saliou Mbacké. Si vous leur faites retirer leur bonnet, il en sera de même devant lui et le Cheikh lui-même, et vous serez punis. »
Ainsi, Serigne Saliou les reçoit chaleureusement dans son humble salon, sous les regards étonnés des nombreux disciples mourides qui voient leur Cheikh dans une telle jovialité après la visite de Baba Lamine Niass.
Quelques instants plus tard, l’un des disciples se lève et pose à Cheikh Baba la question suivante :
« Assalam Aleykoum, j’ai entendu dire que vous, disciples de Baye, soutenez l’idée selon laquelle Dieu fait référence au temps en wolof : ‘yalla moy diamono’. Pourriez-vous nous expliquer cela ? »
Cheikh Baba Lamine lui répond avec précision :
« Vous savez, les éléments qui composent le temps sont les mois, les jours et les heures. Si l’on attribue à ces éléments leur valeur numérique correspondante, on constate que l’année compte 12 mois, le mois compte 30 jours et le jour compte 24 heures. Si nous additionnons 12 + 30 + 24, nous obtenons 66, qui correspond numériquement à ‘ALLAHU’ (66). »
Le mouride est ému et émerveillé par cette analyse correcte et précise, et il s’incline devant Baba pour recevoir sa bénédiction.
Cheikh Saliou demande ensuite à Cheikh Baba de lui fournir les précieux poèmes de Cheikh Ibrahim Niass sur le Prophète Mohammed. Baba demande alors à Baye Touti de sortir les poèmes et de les remettre à Serigne Saliou. Ce dernier prend quelques minutes minutieuses pour les lire. Il se concentre sur un passage où Baye Niass mentionne le mois de Rabil, mois de la naissance du Prophète. Et c’est un mois béni où tout dans l’univers célèbre cette commémoration.
Baba déclare alors : « Chaque jour qui passe est pour nous un Rabil. » En relevant la tête, les yeux remplis de larmes, Cheikh Saliou déclare : « Seul celui qui connaît parfaitement le Prophète Mohammed (SAW) peut chanter avec cohérence ses éloges et ses exploits. »
Au moment de partir, Cheikh Baba lui demande de formuler des prières. Serigne Saliou répond humblement :
« Formuler les prières ! Un fils de Baye, où qu’il aille, c’est à lui de les formuler. Je te prie, cher Baba, de les formuler partout où j’ai entrepris des actions, que le Seigneur y mette Sa main pour leur aboutissement et leur réalisation. »
Le souhait de Baye Niass dans Rabbal Ibadi, « Rabbal amini ahtibil amini koulal matalibi li kouli iniii« , fait référence à qui ?
Beaucoup affirment que Baye formulait des prières pour Lamine Gueye, homme politique, afin qu’il devienne Président de la République à l’époque. Interrogé sur ce passage du Douwa, Baye précise clairement :
« Al-Amin, que je mentionne dans cette prière, fait référence à mon fils bien-aimé, mon Baba Lamine.«
Ainsi, celui que Baye Niass lui-même affectionne tant ne peut être détesté par personne. C’est pourquoi, rien qu’en regardant sa photo sans le connaître, on tombe immédiatement sous le charme de sa personnalité.