Un point de presse s’est tenu à Dakar en prélude à la conférence coorganisée par Article 19 et African Women in Media (AWiM). Cet événement, prévu les 5 et 6 décembre, promet de mettre en lumière les enjeux de durabilité dans les médias et le rôle des femmes dans ce secteur.
Alfred Nkuru Bulakali, directeur régional d’Article 19, a expliqué les raisons de cette initiative :« Nous organisons avec nos partenaires d’African Women in Media cette conférence annuelle pour discuter des médias et de la durabilité. Elle fait le tour du continent depuis plusieurs années, et nous sommes honorés de l’accueillir à Dakar, au Sénégal. Il est de notre devoir de porter cette rencontre à la connaissance du public sénégalais. »
Pendant les deux jours de la conférence, plusieurs sujets cruciaux seront abordés, notamment les modèles économiques permettant de garantir la durabilité des médias, les mutations des écologies médiatiques et la place des femmes dans ce secteur. M. Bulakali a précisé :
« En tant qu’organisation défendant la liberté d’expression et l’accès à l’information, nous estimons que la liberté de la presse et des médias indépendants est essentielle. Nous faisons la promotion d’un agenda féministe visant à protéger et sécuriser les femmes journalistes. Les médias doivent être des espaces où la voix des femmes est valorisée, où leur leadership n’est pas négociable, et où elles se sentent protégées. »
Un événement tourné vers l’innovation et l’inclusion, ainsi, la conférence de Dakar s’inscrit dans la continuité des efforts déployés par AWiM depuis sa création en 2017. Dr Yemisi Akinbobola, cofondatrice et directrice d’African Women in Media, a rappelé que l’objectif de ces rencontres est de mettre en avant les défis auxquels les femmes des médias font face, tout en soulignant leur expertise.
« Chaque année, nous abordons des problématiques spécifiques. Cette année, nous explorons trois thèmes clés : les modèles économiques des médias, les objectifs de développement et l’écologie des médias, avec un focus particulier sur l’intelligence artificielle (IA). »
Concernant le premier thème, elle a expliqué :
« Nous examinerons comment les modèles économiques garantissent la durabilité financière des médias, tout en tenant compte de l’impact sur les femmes qui y travaillent. Nous souhaitons que les médias réfléchissent à leur engagement envers les publics féminins. »
Focus sur la violence basée sur le genre et l’intelligence artificielle, Dr Yemisi a également souligné l’importance de lutter contre la violence basée sur le genre, un sujet déjà abordé lors des éditions précédentes, notamment avec la Déclaration de Kigali sur l’élimination de la violence basée sur le genre dans et par les médias. Elle a expliqué :
« Nous voulons des médias qui rapportent de manière responsable sur la violence basée sur le genre et qui créent un environnement sûr pour les femmes, y compris les journalistes. Cela inclut la lutte contre le harcèlement sexuel et la protection de la liberté de la presse. »
En ce qui concerne l’intelligence artificielle, elle a insisté sur la nécessité de tirer des leçons des erreurs passées :
« Comment éviter que l’IA reproduise les biais et discriminations vécus par les femmes sur les médias sociaux ? Nous devons créer des politiques et des réglementations qui tiennent compte des expériences passées, pour que l’IA devienne un levier d’égalité plutôt qu’un outil de marginalisation. »
Un événement à dimension internationale,avec des participants venant de divers pays africains, ainsi que du Qatar, d’Inde et d’Australie, la conférence s’annonce comme un événement d’envergure mondiale.
« Nous lançons depuis Dakar une conversation globale qui touchera à la fois les réalités africaines et internationales », a conclu Dr Yemisi.
La conférence African Women in Media 2024, prévue les 5 et 6 décembre, ambitionne ainsi de redéfinir les médias africains en renforçant la durabilité, en valorisant le rôle des femmes et en explorant les opportunités offertes par l’intelligence artificielle.