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Bassirou Diomaye Faye : de prisonnier à plus jeune président élu d’Afrique en 20 jours

von Sophie

Alors que cet homme de 44 ans a prêté serment après une élection cruciale le 24 mars dernier, retour sur le parcours vers la victoire du plus jeune leader d’Afrique.

Bassirou Diomaye faye,  5e président du Sénégal, a prêté serment mardi 2 avril 2024, après une période marquée par des turbulences politiques et des craintes que le président sortant, Macky Sall, ne tente de prolonger son mandat, déjà de 12 ans, pour un troisième mandat.

Pendant des mois, la nation était en suspens. Mais après un cycle électoral effréné et une victoire écrasante du jeune candidat anti-système, autrefois emprisonné, le sentiment de changement est désormais palpable parmi les Sénégalais.

« Un vote contre le système »

Le jour du scrutin, les électeurs sont arrivés à l’aube, bien avant l’ouverture des bureaux de vote.

Dans la cour de l’école élémentaire Nafissatou Niang à Dakar, transformée en bureau de vote, des hommes vêtus de boubous colorés, des seniors en costumes et des jeunes portant des t-shirts Balenciaga contrefaits faisaient la queue en silence.

Parmi eux, Julia Sagna, 37 ans, déterminée à faire entendre sa voix. Habillée d’un tailleur gris, elle semblait nerveuse. C’était son premier vote, et elle voulait s’assurer que cela comptait vraiment. « Les jeunes électeurs allaient voter contre le système », disait-elle avec conviction.

En sortant du bureau de vote, elle montra fièrement son doigt marqué d’encre : « Je me sens chanceuse d’avoir participé. »

Le scrutin, initialement prévu en février, avait été retardé. Macky Sall avait accusé les juges constitutionnels de corruption. Mais le Conseil constitutionnel a ordonné la tenue des élections avant la fin du mandat le 2 avril.

Le 24 mars, 66 % des sept millions d’électeurs se sont rendus aux urnes, témoignant d’une forte mobilisation.

Arrêté, puis libéré

À la Medina, à Dakar, des foules s’étaient rassemblées, motivées par la quête de justice ou de revanche. Les 12 années de Macky Sall avaient été marquées par des troubles, notamment à partir de 2020 avec la pandémie de COVID-19. En 2021, l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko avait déclenché des émeutes violentes.

Des dizaines de personnes furent tuées et des centaines blessées par des hommes masqués, considérés comme des mercenaires à la solde du pouvoir.

Parmi les milliers d’arrestations figurait Bassirou Diomaye Faye. Cet ancien inspecteur des impôts avait dénoncé sur Facebook la corruption de magistrats. Son arrestation en avril 2023 le conduisit en prison pour 11 mois, jusqu’à sa libération juste avant l’élection.

Faye était un proche de Sonko, fondateur du parti PASTEF en 2014, qui dénonçait la corruption dans les secteurs pétrolier et gazier. Sonko fut lui-même arrêté en 2023 sous divers chefs d’accusation et son parti interdit.

Une campagne sous tension

Dépenses Colossales pour la Campagne Électorale soleil.sn

Le 6 mars, une loi d’amnistie permit la libération de Faye et Sonko, donnant un élan à leur campagne. Tandis que le candidat du pouvoir, Amadou Ba, peinait à mobiliser, Faye et Sonko traversaient le pays, galvanisant les foules.

La campagne financée par la diaspora sénégalaise ressemblait à un show à l’américaine. Leur slogan : « Sonko est Diomaye, et Diomaye est Sonko. »

Avec un balai à la main, Faye promettait des réformes radicales, notamment la renégociation des contrats pétroliers et un recentrage des intérêts sur le Sénégal.

Le 29 mars, Faye remportait 54 % des voix, devenant ainsi le plus jeune président africain.

Des débuts modestes

Originaire de Ndiaganiao, Faye a grandi loin des cercles du pouvoir. En 2022, il avait perdu l’élection municipale de son village.

Son père, Samba Faye, membre du Parti socialiste, décrivait son fils comme un homme d’idées progressistes.

Alors que Faye prend ses fonctions, des interrogations demeurent sur le rôle futur de Sonko. Pourtant, pour les Sénégalais, l’essentiel est déjà là : le changement.

Dans un geste symbolique, Macky Sall a serré la main de son successeur, signant une passation de pouvoir historique. Pour beaucoup, c’est une révolution démocratique.

Un vent de changement au Sénégal

Le Sénégal, pays réputé pour sa stabilité politique, vient de vivre un bouleversement historique avec l’élection de Bassirou Diomaye Faye. Ce leader atypique, âgé de 44 ans, est devenu président en moins de 20 jours après sa libération de prison, incarnant ainsi une transition politique inédite et symbolique.

Une victoire populaire et symbolique

L’élection de Diomaye Faye est perçue comme une victoire du peuple contre un système jugé oppressif. Son parcours, de fonctionnaire modeste à chef d’État, suscite une immense fierté chez ses partisans. Les rues de Dakar et des principales villes du pays ont été envahies par des foules brandissant des balais, symbole de la promesse de « nettoyer » le système en place.

Pour beaucoup de Sénégalais, ce scrutin était bien plus qu’un simple vote : c’était un rejet des inégalités et des injustices accumulées sous le régime précédent. Amadou Ba, le candidat du parti au pouvoir, n’a pas su capter cette aspiration au changement, contrairement à Faye, porté par une dynamique populaire sans précédent.

Une campagne hors norme

La campagne électorale de Bassirou Diomaye Faye a été marquée par son partenariat stratégique avec Ousmane Sonko, figure emblématique de l’opposition. Ensemble, ils ont sillonné le pays, galvanisant les foules avec des promesses de réformes profondes.

Leur slogan, « Sonko est Diomaye, et Diomaye est Sonko », a résonné dans les cœurs des électeurs, créant un élan de solidarité et d’espoir. La campagne a été largement financée par la diaspora sénégalaise, soulignant l’implication des Sénégalais de l’étranger dans ce processus de changement.

Une transition délicate

La rencontre entre le président sortant, Macky Sall, et son successeur a marqué un moment fort de la transition. Le geste symbolique d’une poignée de main entre les deux hommes, accompagné d’Ousmane Sonko, a été perçu comme un signal de réconciliation nationale.

Cependant, les défis qui attendent Bassirou Diomaye Faye sont immenses. Les attentes des Sénégalais sont élevées, notamment en matière de justice sociale, de réformes économiques et de lutte contre la corruption. La relation avec la France, souvent critiquée, sera également scrutée de près, Faye ayant promis une révision des accords économiques et linguistiques.

Un héritage familial inspirant

Le parcours de Faye est profondément ancré dans l’histoire de sa famille. Son grand-père, ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale et militant anti-colonial, a joué un rôle clé dans la construction d’une école dans son village natal. Cette quête de justice et d’éducation a marqué Faye dès son plus jeune âge.

Son père, militant socialiste, a inculqué à Faye des valeurs de gauche, renforçant son engagement pour les causes sociales et l’équité.

Les premiers défis de Bassirou Diomaye Faye

À peine élu, le nouveau président Bassirou Diomaye Faye doit déjà faire face à des défis d’une ampleur inédite. Le contexte socio-économique, marqué par une inflation galopante et un taux de chômage élevé, appelle des mesures rapides et efficaces. Les attentes des populations, qui ont voté massivement pour le changement, sont immenses.

1. Relancer l’économie nationale

L’économie sénégalaise, bien que résiliente, a souffert des répercussions de la pandémie et de la hausse des prix des matières premières. Parmi les priorités de Bassirou Diomaye Faye figurent :

  • La création d’emplois : Le président a promis de lancer des programmes d’emplois massifs, notamment pour les jeunes, avec un accent particulier sur les secteurs porteurs comme l’agriculture, le numérique et les énergies renouvelables.
  • La lutte contre la vie chère : La flambée des prix des denrées alimentaires est une source majeure de mécontentement. Faye envisage de réformer les politiques de subvention et de renforcer le soutien aux producteurs locaux pour réduire la dépendance aux importations.

2. Réformes institutionnelles et gouvernance

L’un des axes majeurs du programme de Faye est la réforme des institutions. Plusieurs initiatives sont déjà annoncées :

  • Révision de la Constitution : Il a promis de soumettre rapidement une révision constitutionnelle au référendum, incluant des mesures pour renforcer l’indépendance de la justice et limiter le pouvoir exécutif.
  • Lutte contre la corruption : La mise en place d’une Agence nationale de lutte contre la corruption dotée de pouvoirs étendus est envisagée pour poursuivre les auteurs de détournements de fonds publics.

3. Une politique étrangère réajustée

Sur le plan international, Faye s’engage à revoir certains accords jugés désavantageux pour le Sénégal, notamment avec la France. Cette volonté d’affirmer une souveraineté économique et politique suscite déjà des débats.

  • Diversification des partenariats : Le Sénégal pourrait renforcer ses relations avec d’autres puissances émergentes, comme la Chine et la Turquie, tout en maintenant des liens avec ses partenaires traditionnels.
  • Franc CFA et politique monétaire : La question du Franc CFA reste un sujet brûlant. Faye a annoncé vouloir réévaluer la pertinence de cette monnaie pour le Sénégal.

4. Unité nationale et justice sociale

Bassirou Diomaye Faye a insisté sur la nécessité de réconcilier les différentes composantes de la société sénégalaise. Son discours d’investiture a mis l’accent sur :

  • La justice pour tous : Il a promis de réouvrir certains dossiers judiciaires controversés et d’indemniser les victimes des violences politiques.
  • Dialogue inclusif : Le nouveau président souhaite engager un dialogue national réunissant les partis politiques, la société civile et les chefs religieux pour établir une feuille de route commune.

Une nouvelle ère pour la jeunesse

La jeunesse sénégalaise, acteur clé de la victoire de Faye, est au cœur des priorités présidentielles. Des initiatives comme des bourses pour l’entrepreneuriat, des formations techniques, et un meilleur accès au financement figurent parmi les promesses phares.

Faye souhaite également moderniser le système éducatif en intégrant davantage le numérique et en mettant l’accent sur les compétences pratiques.

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