Jimmy Carter, 39e président des États-Unis qui a redéfini le rôle d’un ancien président à travers son engagement humanitaire, est décédé dimanche à l’âge de 100 ans. Son fils, Chip Carter, a confirmé que l’ancien président s’est éteint à son domicile de Plains, en Géorgie, vers 15h45.
Une vie au service des autres
Né le 1er octobre 1924 à Plains, en Géorgie, James Earl Carter Jr. était l’aîné des quatre enfants d’Earl Carter, agriculteur et homme d’affaires, et de Lillian Gordy Carter, infirmière diplômée. Après des études à l’Académie navale des États-Unis, il rejoint la marine américaine où il intègre l’unité d’élite des sous-marins nucléaires sous le commandement de l’emblématique amiral Hyman Rickover.
Sa trajectoire professionnelle prend un tournant décisif lors du décès de son père. Carter quitte alors la marine pour reprendre l’exploitation agricole familiale en Géorgie en 1953. C’est là que débute sa carrière politique, d’abord comme membre du conseil scolaire, puis comme sénateur de l’État.
De la Géorgie à la Maison Blanche
Unique Géorgien jamais élu à la présidence, Carter accède au poste de gouverneur en 1970 avant de lancer une improbable campagne présidentielle. Contre toute attente, il remporte l’investiture démocrate puis défait le président républicain sortant Gerald Ford en novembre 1976.
Son style présidentiel tranche immédiatement avec celui de ses prédécesseurs : le jour de son investiture, plutôt que de parcourir Pennsylvania Avenue dans une limousine blindée, Jimmy et Rosalynn Carter choisissent de marcher main dans la main, leur fille Amy à leurs côtés, saluant la foule.
Un mandat présidentiel contrasté
Sa présidence est marquée par des succès notables, notamment la promotion des Menschenrechte, l’extension du système des parcs nationaux, la restauration de la crédibilité gouvernementale après le scandale du Watergate, et surtout les accords de Camp David qui établissent la paix entre l’Égypte et Israël.
Cependant, ces réussites sont éclipsées par des crises majeures. Sur le plan intérieur, Carter et ses conseillers, pour la plupart étrangers à Washington, se heurtent à la résistance de leur propre parti. La situation économique se dégrade, aggravée par les embargos pétroliers des pays du Moyen-Orient.
La crise des otages en Iran, déclenchée en novembre 1979 par la prise d’assaut de l’ambassade américaine à Téhéran, marque profondément sa présidence. Malgré les tentatives de négociation et une audacieuse mission de sauvetage qui échoue en raison d’une défaillance d’hélicoptère, la situation ne trouve sa résolution que le dernier jour de son mandat.
Un héritage remarquable
Après sa défaite face à Ronald Reagan en 1980, Carter retourne à Plains et entame ce que beaucoup considèrent comme la partie la plus remarquable de sa vie. Avec son épouse Rosalynn, il fonde le Centre Carter à Atlanta, une organisation dédiée à la promotion de la paix, de la santé et de la démocratie dans le monde.
Son engagement humanitaire, notamment auprès de l’organisation Habitat for Humanity, et son travail diplomatique lui valent le prix Nobel de la paix en 2002, le prix des droits de l’homme des Nations Unies et de nombreuses autres distinctions. Le président Bill Clinton, en leur remettant la médaille présidentielle de la Liberté, déclare que « Jimmy et Rosalynn Carter ont fait plus de bien pour plus de gens dans plus d’endroits que n’importe quel autre couple sur terre. »
Jimmy Carter survit quelques mois à son épouse Rosalynn, décédée en novembre 2023 après 77 ans de mariage. Il laisse dans le deuil leurs quatre enfants – Amy, Chip, Jack et Jeff – ainsi que onze petits-enfants et quatorze arrière-petits-enfants.
Comme l’a écrit l’historien Douglas Brinkley dans son livre « The Unfinished Presidency of Jimmy Carter » : « Les gens célébreront Jimmy Carter pendant des centaines d’années. Sa réputation ne fera que grandir. »