En juillet, le Sénégal s’apprête à franchir une étape historique avec le lancement de Gaindesat, son tout premier satellite. Maram Kairé, président de l’Agence sénégalaise d’études spatiales, a récemment partagé les ambitions du pays lors d’un congrès de l’Union astronomique internationale à la Cité de l’espace à Toulouse. Cet article explore en détail les objectifs et les projets du Sénégal dans le domaine spatial, mettant en lumière comment cette industrie émergente peut devenir un moteur de développement pour le pays.
Le Sénégal et l’émergence du NewSpace
Depuis quelques années, le continent africain connaît un véritable essor dans le domaine spatial. Maram Kairé explique que ce « réveil » s’explique par la prise de conscience des avantages du spatial pour le développement durable. En utilisant les satellites, il est possible de surveiller les frontières, d’améliorer la sécurité, d’augmenter la productivité agricole et de faciliter l’enseignement à distance. Pour l’Afrique, le NewSpace, avec ses satellites miniaturisés et ses coûts réduits, représente une opportunité unique d’intégrer cette technologie dans les plans de développement nationaux.
Gaindesat : le premier satellite sénégalais
Le lancement de Gaindesat marque l’entrée du Sénégal dans l’ère du NewSpace. Ce cubesat, développé avec l’aide du Centre spatial universitaire de Montpellier, servira principalement à des fins de suivi environnemental. Il permettra de collecter des données en temps réel sur les niveaux d’eau et de végétation à travers le pays, sans nécessiter de ressources humaines ou logistiques importantes. Cette initiative illustre l’appropriation de la technologie des nanosatellites par les jeunes ingénieurs sénégalais, avec l’objectif à long terme de mener de tels projets intégralement au Sénégal.
Les projets futurs de l’Agence spatiale sénégalaise
L’Agence spatiale sénégalaise, créée en mars 2023, travaille déjà sur un plan stratégique de développement pour les dix prochaines années. Parmi les projets phares figure l’installation du premier observatoire de recherche en astronomie et de surveillance de l’espace à Kédougou. En outre, dès 2025, le Sénégal commencera la construction d’un centre d’assemblage et de test de microsatellites, en partenariat avec la startup française Prométhée. Ce centre contribuera au développement d’une constellation de satellites destinée à la surveillance maritime et à l’agriculture, renforçant ainsi la souveraineté des données du pays.
La surveillance maritime et l’agriculture intelligente
Le Sénégal, riche en ressources pétrolières et gazières, a un besoin crucial de surveiller ses plateformes offshore. Les satellites de la constellation de Prométhée joueront un rôle clé dans cette surveillance, aidant à détecter la pêche illégale et à lutter contre l’immigration clandestine. En matière d’agriculture, le soutien satellitaire permettra d’optimiser la productivité et de gérer les aléas climatiques. Les technologies spatiales seront mises à la disposition des agriculteurs sénégalais pour améliorer les rendements et garantir la sécurité alimentaire.
Vers l’exploration spatiale et la formation des jeunes
À long terme, l’Agence spatiale sénégalaise ambitionne d’envoyer une sonde en orbite lunaire d’ici 2030. Ce projet nécessitera la création d’un écosystème collaboratif entre le secteur privé et l’État. Parallèlement, la formation des jeunes Sénégalais aux métiers du spatial est une priorité. Des partenariats avec des universités internationales, comme l’Université Paris-Saclay, sont en cours pour intégrer des formations en sciences spatiales dans les cursus locaux. L’objectif est de permettre aux étudiants de réaliser leurs rêves spatiaux sans quitter le pays.
Le Sénégal, sous la direction de Maram Kairé et de l’Agence sénégalaise d’études spatiales, est en train de se positionner comme un acteur majeur du NewSpace en Afrika. Le lancement de Gaindesat et les projets ambitieux de l’agence illustrent un engagement fort envers le développement durable et l’innovation technologique. En investissant dans le spatial, le Sénégal ouvre la voie à une nouvelle ère de croissance économique et de progrès scientifique pour le continent africain.
