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Sénégal : le secteur minier souffre d’un manque de ressources financières pour son administration

von Khary Diène
secteur minier

Le secteur minier sénégalais, en plein essor depuis plusieurs années, est confronté à un problème majeur malgré ses succès et les ambitions de l’État pour en faire un pilier économique essentiel. Selon le rapport 2019-2021 de la Cour des comptes, l’administration minière manque cruellement de ressources financières pour fonctionner efficacement.

Le Ministère des Mines et de la Géologie (MMG), bien que contribuant de manière significative aux revenus de l’État, peine à obtenir les fonds nécessaires pour soutenir pleinement le développement du secteur. Cette situation est confirmée par un récent rapport d’audit qui souligne une sous-dotation budgétaire persistante, compromettant sérieusement l’efficacité des actions de la Direction du Contrôle et du Suivi des Opérations Minières (DCSOM) et des Services Régionaux des Mines et de la Géologie (SRMG).

Insuffisance des moyens financiers

Entre 2019 et 2021, les finances du MMG ont connu une progression notable, passant de 1,543 milliard de FCFA à 4,105 milliards de FCFA, soit une augmentation de 166%. Néanmoins, cette croissance ne correspond pas à l’essor rapide du secteur minier. Celui-ci a généré 193,77 milliards de FCFA pour le budget de l’État en 2021, contre 127,35 milliards en 2019.

Malgré cette contribution significative, la part du budget du MMG dans les revenus du secteur minier reste modeste, représentant seulement 1,21% en 2019, 1,95% en 2020 et 2,12% en 2021. En moyenne, seuls 1,76% des revenus miniers ont été alloués à l’administration minière pendant cette période.

Ce manque de ressources financières se traduit par un manque d’équipement chronique dans des structures essentielles telles que le Groupe des Laboratoires d’Analyse (GLA). Bien que les recettes du GLA aient augmenté en 2021, atteignant 110,861 millions de FCFA, il reste confronté à des problèmes en termes d’équipements modernes et de capacités d’analyse. L’audit des procédures de contrôle et de suivi des opérations minières montre que les dotations budgétaires attribuées à la DCSOM et aux SRMG sont insuffisantes pour répondre à leurs besoins.

Malgré la hausse des recettes du secteur minier entre 2019 et 2021, le budget du Ministère des Mines et de la Géologie (MMG) reste modeste, représentant entre 0,60% et 2,12% des revenus. Par exemple, en 2021, le budget de la DCSOM s’élevait à 27 877 000 FCFA, ne représentant que 0,68% du budget total du MMG. Quant aux SRMG de Thiès, Matam, Tambacounda et Kédougou, leur part dans le budget global est passée de 1,65% en 2019 à 1,01% en 2020, avant de légèrement remonter à 1,01% en 2021.

Impact sur les opérations

Le Ministère des Mines et de la Géologie (MMG) considère comme une priorité la création d’un laboratoire certifié et accrédité, conforme aux standards mondiaux. Cette initiative vise à améliorer la qualité des analyses géologiques et à garantir un suivi strict des exportations minières, ainsi qu’une traçabilité efficace des échantillons.

Le sous-financement a un impact direct sur les activités de contrôle et de surveillance minière, ainsi que sur la collecte des recettes minières et la surveillance environnementale. Les Services Régionaux des Mines et de la Géologie (SRMG), notamment dans les régions de Thiès, Matam, Tambacounda et Kédougou, rencontrent des difficultés logistiques majeures en raison d’un manque d’équipement. Par exemple, le SRMG de Matam dispose seulement de 5 ordinateurs de bureau et de 2 ordinateurs portables pour couvrir une vaste zone. De même, le Groupe des Laboratoires d’Analyse (GLA) est confronté à un manque d’équipement, ce qui affecte sa capacité à réaliser des analyses conformes aux normes internationales.

Recommandations pour l’avenir

Pour remédier à cette situation, la Cour des comptes formule des recommandations essentielles au Ministre des Mines et de la Géologie. Selon elle, il est crucial d’augmenter considérablement les ressources financières attribuées à la DCSOM, aux SRMG et au GLA. Cela permettra d’améliorer les actions sur le terrain, de renforcer la collecte des revenus miniers et de garantir une surveillance environnementale efficace. Par exemple, l’organe de contrôle de l’État propose d’accroître de manière significative les budgets alloués à la DCSOM et aux SRMG dans les régions de Thiès, Matam, Tambacounda et Kédougou pour combler leurs lacunes en équipement.

Consciente de ces défis, la Cour recommande au Ministre des Mines et de la Géologie de prendre des mesures immédiates pour renforcer les ressources financières de l’administration minière. Cela inclut l’équipement du GLA et l’amélioration de la procédure de certification pour l’exportation d’échantillons. La création d’un laboratoire certifié et accrédité est également encouragée afin de garantir la qualité et la fiabilité des analyses géologiques.

Le rapport d’audit souligne que les restrictions budgétaires entravent les capacités d’intervention de l’Administration minière sénégalaise, limitant ainsi le plein potentiel du secteur minier. En investissant davantage dans les ressources financières et les équipements appropriés, le Senegal pourra renforcer son rôle en tant qu’acteur clé du secteur minier en Afrika de l’Ouest et atteindre les objectifs ambitieux du Plan Sénégal Émergent (PSE).

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