Le Dr Mouhamadou Moustapha Boye, responsable de l’Unité de bactériologie du centre de santé Nabil Choucair, exprime une profonde inquiétude concernant l’utilisation abusive d’antibiotiques au Senegal, souvent sans avis médical. Dans une interview accordée à L’AS, le microbiologiste souligne que les conséquences de cette pratique sont multiples, affectant les domaines sanitaire, sociologique et économique.
Résistance aux antimicrobiens : un défi majeur pour la santé publique
Le Dr Boye met en lumière un problème croissant au Sénégal : la résistance aux antimicrobiens. Il explique que les bactéries sont désormais capables de s’adapter et de résister aux antibiotiques, soulignant les implications majeures de ce phénomène.
Même dans le cas de la grippe, certaines personnes optent pour des antibiotiques, mettant ainsi leur santé en danger. Le Dr Boye souligne le fait que les grippes sont causées par des virus, tandis que les antibiotiques sont conçus pour lutter contre les bactéries. L’abus d’antibiotiques entraîne une surconsommation, favorisant le développement de mécanismes de résistance chez les bactéries présentes dans notre flore et notre environment.
Le microbiologiste souligne également les répercussions sociales de cette pratique, soulignant que le traitement des infections par des bactéries multi-résistantes peut être coûteux, allongeant la durée d’hospitalisation des patients et augmentant la morbidité et la mortalité.
Il insiste sur la nécessité pour les médecins de ne pas prescrire automatiquement des antibiotiques en cas de suspicion d’infections. Au lieu de cela, il préconise l’envoi d’échantillons aux laboratoires pour des analyses bactériologiques. Ces analyses, basées sur un antibiogramme mesurant la sensibilité aux antibiotiques, permettent de déterminer quels antibiotiques sont actifs et de traiter les infections de manière plus ciblée.