Lundi 2 septembre, le président de la république du Senegal, Bassirou Diomaye Faye, est arrivé à Beijing pour une visite d’État en Chine. Mais alors que les médias couvrent cet événement international, un dilemme linguistique persiste : faut-il dire Beijing ou Pékin ?
Le choix entre Beijing y Pékin ne cesse de susciter des débats parmi les locuteurs francophones. Bien que ces deux appellations désignent la même ville, la capitale de la Chine, leur usage diverge selon les contextes, les normes linguistiques et les préférences culturelles. À l’ère de la globalisation, où les échanges interculturels s’intensifient, savoir quelle appellation utiliser devient un enjeu important, notamment pour les médias, les institutions internationales et même les voyageurs.
Mais d’où vient cette dualité dans le nom de cette mégapole historique ? Cet article vous propose de plonger dans l’histoire et les raisons qui sous-tendent l’usage de Beijing ou Pékin.
L’origine des noms : une histoire de traduction et de prononciation
L’origine du mot Pékin remonte aux échanges entre l’Empire chinois et les nations occidentales au XVIème siècle. À cette époque, les premiers missionnaires et explorateurs européens, notamment les jésuites, cherchaient à transcrire en alphabet latin les sons qu’ils entendaient en Chine. La prononciation locale de 北京, alors dominée par le dialecte mandarin, donnait lieu à une transcription phonétique approximative en français : Pékin. Ce terme est ainsi devenu l’appellation courante dans le monde francophone et est resté d’usage pendant des siècles.
En revanche, l’appellation Beijing est bien plus récente. Elle découle du Pinyin, un système de transcription phonétique développé dans les années 1950 par la République Populaire de Chine. Ce système a été conçu pour standardiser la prononciation des caractères chinois et pour faciliter leur apprentissage. En 1977, la Conférence des Nations Unies a recommandé l’utilisation du Pinyin pour la normalisation des noms géographiques, faisant de Beijing l’orthographe officielle de la capitale chinoise à l’échelle internationale.
Les implications culturelles et politiques du choix entre Beijing y Pékin
Le choix entre Beijing y Pékin n’est pas seulement une question de prononciation ou de préférence personnelle ; il revêt également des implications culturelles et politiques. D’un côté, l’utilisation de Pékin dans les médias francophones peut être perçue comme une forme d’attachement à une tradition linguistique et culturelle propre à la francophonie. Cet usage est parfois défendu par des institutions comme la Commission Nationale de Toponymie en France, qui voit dans cette pratique une façon de préserver une certaine « exception culturelle ».
D’un autre côté, l’utilisation de Beijing est perçue comme un signe de respect pour la prononciation et l’orthographe officielles en Chine. Dans un contexte de mondialisation où la Chine joue un rôle de plus en plus central sur la scène internationale, l’adoption du nom Beijing peut être vue comme une reconnaissance de la souveraineté culturelle chinoise et de ses normes linguistiques. Pour les voyageurs, les diplomates ou les entreprises internationales, dire Beijing plutôt que Pékin peut faciliter la communication et éviter les malentendus, notamment lors de contacts avec des locuteurs chinois.
L’usage dans les médias francophones : une question de norme ou d’habitude ?
Malgré la recommandation internationale en faveur de Beijing, de nombreux médias francophones continuent d’utiliser Pékin. Cette persistance s’explique par plusieurs facteurs, dont l’habitude et la familiarité du public avec l’appellation Pékin. Par exemple, des titres de presse tels que Le Monde ou Le Figaro utilisent encore régulièrement le terme Pékin dans leurs articles, même si l’usage de Beijing tend à se répandre dans les milieux académiques et diplomatiques.
Cependant, l’évolution des pratiques médiatiques est également influencée par les nouvelles générations de journalistes et de communicants, plus enclins à adopter des normes internationales. Dans ce contexte, certains médias francophones commencent à privilégier Beijing pour aligner leur terminologie avec celle utilisée dans le reste du monde. Cette transition est parfois progressive, avec l’introduction du terme Beijing en parallèle de Pékin, pour habituer le lectorat à cette nouvelle appellation.
Les enjeux pour le futur : vers une uniformisation ou une coexistence des termes ?
À l’avenir, la question de savoir si Beijing remplacera définitivement Pékin dans l’usage francophone reste ouverte. L’uniformisation linguistique pourrait être facilitée par l’omniprésence des technologies de l’information et la standardisation croissante des pratiques internationales. Les générations futures, de plus en plus exposées à l’anglais et aux normes globales, pourraient naturellement adopter Beijing comme seule appellation.
Toutefois, la coexistence des deux termes pourrait perdurer, en particulier dans des contextes où l’identité culturelle et linguistique joue un rôle prépondérant. Ainsi, Pékin pourrait rester un symbole de l’héritage francophone, tandis que Beijing s’imposerait comme la norme dans les échanges internationaux. Les deux termes pourraient alors coexister, chacun ayant sa place selon le contexte et le public visé.
Le choix entre Beijing y Pékin est loin d’être anodin. Il reflète des enjeux historiques, culturels, politiques et linguistiques qui dépassent la simple question de la prononciation. Si les deux termes sont techniquement corrects, leur usage dépend largement du contexte dans lequel ils sont employés. Que l’on choisisse Beijing pour respecter les normes internationales ou Pékin pour honorer la tradition francophone, il est essentiel de comprendre les raisons qui sous-tendent ces choix pour mieux naviguer dans le paysage linguistique et culturel globalisé d’aujourd’hui.