Depuis sa mise en service en 2022, l’autopont de Keur Massar a suscité des réactions contrastées parmi les habitants et les usagers de cette localité située en banlieue dakaroise. Si certains saluent cette infrastructure comme une révolution pour la fluidité du trafic, d’autres estiment qu’elle n’a pas pleinement répondu aux attentes, laissant entrevoir des lacunes dans la stratégie globale de mobilité urbaine.
Une amélioration notable de la circulation
Pour de nombreux habitants, l’autopont a été une bouffée d’oxygène dans un carrefour autrefois réputé pour ses embouteillages monstres. Bassirou Ndiaye, un jeune livreur, en témoigne avec enthousiasme : « Avant, c’était l’enfer. Les voitures restaient bloquées pendant des heures, et les piétons avaient du mal à se déplacer. Aujourd’hui, l’autopont a vraiment changé la donne. » Comme lui, de nombreux commerçants et transporteurs voient en cette structure une aubaine pour leurs activités quotidiennes.
Mamadou Bamba Faye, un quadragénaire venu faire ses courses au marché de Keur Massar, partage cet avis. « La situation était catastrophique avant. On pouvait rester coincé en voiture pendant des heures, et les voleurs en profitaient pour agir. Maintenant, c’est bien mieux », confie-t-il, tout en reconnaissant que le carrefour reste un point névralgique très fréquenté.
Un nouvel élan économique sous l’autopont
L’autopont a non seulement transformé la circulation, mais il a aussi redynamisé l’économie locale. Sous ses arches, une multitude de petits commerces ont vu le jour. Vendeurs de téléphones, de chaussures, de produits alimentaires et autres marchands ambulants ont investi les lieux, créant une ambiance animée et prospère. Un vieux vendeur de vêtements, installé depuis des années dans la zone, souligne que l’autopont a « assaini » l’espace, même si l’occupation des trottoirs et de la chaussée par les commerçants reste problématique. « Nous occupons peut-être illégalement la voie publique, mais nous ne gênons pas la circulation », affirme-t-il.
Des critiques persistent malgré les avancées
Cependant, tous ne partagent pas cet optimisme. Ndiassé Sall, un chauffeur de « clando » (taxi clandestin) avec plus de 20 ans d’expérience, estime que l’autopont n’a pas résolu les problèmes de fond. « Peu de voitures empruntent le pont, tandis que la majorité continue de passer en bas. Il aurait fallu créer des déviations à l’intérieur des quartiers pour désengorger la zone », explique-t-il. Pour lui, l’investissement consenti pour l’autopont aurait pu être mieux utilisé en aménageant des routes alternatives permettant de relier les quartiers environnants.
Fluidité versus désordre : un équilibre fragile
Si l’autopont a indéniablement amélioré la fluidité de la circulation, il n’a pas totalement éliminé le désordre ambiant. Les trottoirs encombrés et les vendeurs qui débordent sur la chaussée rendent la circulation piétonne difficile, voire dangereuse. Les forces de l’ordre, présentes sur les lieux, tentent de maintenir un semblant d’ordre, mais la tâche reste ardue.
Un pas en avant, mais des défis à relever
L’autopont de Keur Massar représente sans conteste une avancée significative pour la mobilité urbaine dans cette localité. Il a permis de réduire les embouteillages et d’offrir un nouvel espace d’opportunités économiques. Cependant, les critiques soulignent que des solutions complémentaires, comme des déviations et une meilleure gestion de l’espace public, sont nécessaires pour maximiser son impact.
Alors que le soleil continue de darder ses rayons sur Keur Massar, l’autopont reste un symbole de progrès, mais aussi un rappel que la route vers une mobilité urbaine optimale est encore longue. Les autorités locales et les habitants devront travailler main dans la main pour relever les défis qui persistent et faire de cet ouvrage une véritable réussite pour tous.
