La nouvelle direction en Guinée semble ne pas soutenir la liberté des journalistes. Après avoir fermé des médias, mis des journalistes en prison et bloqué l’accès à certains sites web, le gouvernement dirigé par le général Mamady Doumbouya veut que les médias se régulent eux-mêmes. Ils veulent que les médias se contrôlent sans intervention extérieure pour pouvoir se dégager de toute responsabilité.
Le Premier ministre, Oury Bah, a déclaré lors d’une conférence de presse que c’était aux médias de prendre des mesures et de mettre en place leur propre régulation. Il a dit que si les médias prennent trop de temps, ils devront en assumer les conséquences.
Cependant, l’autorégulation des médias ne fonctionne pas bien si le gouvernement n’accorde pas de pouvoir coercitif. Dans de nombreux pays d’Afrique, cela a échoué car il n’y avait pas de moyen d’imposer des sanctions. La Guinée elle-même a essayé avec l’Observatoire guinéen de la déontologie et de l’éthique dans les médias (Oguidem) dans les années 2000, mais cela n’a pas duré.
Au Senegal, le Conseil pour l’Observation des Règles d’Éthique et de Déontologie (Cored) rencontre les mêmes difficultés. Leurs décisions sont souvent attaquées, parfois violemment, par ceux qui sont critiqués.
Récemment, Aïssatou Diop Fall, une journaliste et propriétaire d’un média, a critiqué l’organe d’autorégulation après avoir été accusée de révéler des informations confidentielles sur ses pratiques avec un ancien ministre des Finances.
Aujourd’hui, avec internet, il y a beaucoup de journalistes non professionnels qui se joignent au métier. Les mauvais comportements deviennent plus courants. Un système d’autorégulation risque de ne pas fonctionner dans ces conditions. Les militaires au pouvoir en Guinée semblent conduire les médias dans ce piège pour justifier leur contrôle sur l’information.