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Le Maître des Arts Plastiques : Zulu Mbaye, 50 Ans de Carrière

par Khary Diène
Zulu Mbaye soleil.sn

Un vaste programme en l’honneur d’un géant aux cinquante années de pratique majuscule des arts plastiques. Il s’agira de célébrer ce mohican de l’École de Dakar, de mettre en lumière son œuvre singulière pour la jeunesse en quête de modèle et de diffuser sa lecture des arts contemporains, entre autres.

Un Splendide Tableau pour un Maître Incontesté de l’Art

Pour le cinquantenaire de la carrière de plasticien de Zulu Mbaye, une exposition-hommage sera organisée du 27 octobre au 10 novembre 2023 au Musée Théodore Monod, par le Sénégal et le Maroc (à travers l’Agence marocaine de coopération internationale). Vingt-et-un artistes de 11 pays d’Afrique vont exposer 60 œuvres au total, sous le commissariat de Omar Diack et de Zulu Mbaye lui-même. Ce dernier, « poète et magicien des formes et des couleurs », montrera 20 de ses œuvres à l’occasion. Le vernissage est prévu le 27 octobre, avec 45 artistes invités. Un panel sur le thème « L’art comme levier de rapprochement des peuples » sera aussi reçu au Musée Théodore Monod, le lendemain, dans l’après-midi. Ce même 28 octobre au soir, aura lieu le second vernissage, à l’Espace Vema. Le 29 octobre, il y aura la projection du film « Zulu l’Africain ».

La Rencontre Bienheureuse avec le Maroc et son Roi

Il rentre à Dakar avec cette proposition et un jour, Racine Talla, Directeur de la Rts, sera l’artisan de la participation sénégalaise après un appel téléphonique fortuit.

« Il m’a fait recevoir par le Chef de l’État, Macky Sall, qui m’a gracieusement soutenu pour l’événement et avec beaucoup d’enthousiasme. Il a été retenu que le Maroc se charge du voyage des artistes invités et de leurs œuvres, et le Sénégal prendrait ensuite le relai »

explique le plasticien de 69 ans. C’est au Village des arts, où nous avons rencontré Zulu Mbaye, mercredi dernier, que commence l’histoire de ces noces d’or.

Il était assis tranquillement dans son atelier, quand sa quiétude était subitement perturbée par un convoi de huit grosses voitures luxueuses. « En tant que président du Village, je suis allé à leur rencontre. Quand je me suis approché, toute la délégation convergeait vers un homme en jean, chapeau, chemise à fleurs et des bottes dentelées. Je lui ai dit « Bonjour monsieur », il a souri et je me suis présenté. Je lui ai proposé de visiter le Village et au premier atelier, je me suis effacé pour le laisser discuter avec l’artiste résident. Là, j’ai demandé au garde du corps et, tout étonné, il me répond « C’est le roi du Maroc ». Je disais ensuite passablement « mon altesse », « mon roi » et il en souriait », se remémore Zulu Mbaye en se marrant. C’était un jeudi de novembre 2016.

Le roi avait visité ce jour la moitié du Village, avant de demander à rentrer, car il était fatigué. Mais il avait promis de revenir le lendemain après la prière du Jummah (14h).

« J’étais stressé parce que le bruit avait couru que le roi a acheté des œuvres dans tous les ateliers qu’il a visités. Ceux qui ne l’ont pas reçu m’en avaient voulu. Mais il est effectivement revenu le lendemain et a acheté 144 œuvres en ces deux jours, dans tous les ateliers, en billets d’euros neufs. Il faut dire que tous les artistes étaient millionnaires »,

se rappelle Zulu. Ce contact lui vaudra plus les faveurs et la sympathie du roi. Il vit aujourd’hui entre les deux pays.

Zulu Mbaye : 50 Ans de Carrière Artistique

C’est un géant aux mains géniales, aux pieds solides et à l’esprit magistral qui nous accueille dans son atelier au Village des arts de Dakar. Cet homme au regard vif, coiffé de son bonnet et de canne naine fétiche, s’impose sans trop en décider tel un gourou des univers plastiques. Du haut de ses 50 ans de carrière, qu’il fête (ou qu’on lui fête plutôt) en grande pompe cette année, Zulu Mbaye se dit tout de même encore dans sa quête artistique. « Poète des formes et des couleurs » selon Moussa Sène Absa, « magnifique artiste au bleu inimitable » d’après Abdoulaye Diallo Le berger de l’île de Ngor, préfère encore son « jeu » au « je ». Toutefois, les deux s’entêtent à se confondre. Le maître plasticien nous entretient des pulsations de ses 69 ans d’art, pardon, de ses 50 ans d’art.

Quand Mouhamadou Mbaye a-t-il senti devenir Zulu Mbaye ?

J’ai signé Mouhamadou Mbaye durant les dix premières années de ma carrière, autant sur mes tableaux que les tapisseries. Il faut savoir que j’ai fait une cinquantaine de tapisseries avec les Msad (Manufactures sénégalaises des arts décoratifs) de Thiès. À un moment, je revendiquais sans fard ma négro-africanité et je cherchais un nom qui collait mieux à mon identité plastique. Ensuite, je me suis dit que je suis musulman et non arabe, et que mon exercice était loin de la religion. C’était d’abord Mouham-ou Mbaye Zulu, ensuite Mouham Zulu que je trouvais encore long, avant de choisir définitivement Zulu Mbaye, en 1981. Le nom s’est aussitôt révélé plus marketing, plus marquant, plus incisif et plus original.

42 ans après, vous continuez de penser que votre identité plastique se distingue de celle musulmane ?

Oui. Je conçois que ce sont deux religions différentes. On a tendance à penser religions révélées, mais notre animisme est bien une religion. Je ne colle pas cette identité animiste à ma peinture, elle est totalement ma peinture. Elle est d’aspect, de philosophie et de pensée animistes. Mon art renvoie toujours à tous ces symboles.

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