Bassirou Diomaye Faye, candidat à l’élection présidentielle sénégalaise, est détenu depuis près de 10 mois, soulevant des questions sur la faisabilité de sa campagne électorale. Il est le seul parmi les 20 candidats retenus par le Conseil constitutionnel à se trouver derrière les barreaux, une situation inédite au Sénégal pour une élection présidentielle. La principale interrogation demeure : comment mènera-t-il sa campagne électorale qui débutera le 3 février prochain ?
Le vide juridique et les revendications pour la libération
Un vide juridique entoure la situation de Bassirou Diomaye Faye, selon Ababacar Fall, secrétaire général du Groupe de recherche et d’appui conseil pour la démocratie participative et la bonne gouvernance (Gradec). L’absence de dispositions spécifiques dans le Code électoral pour ce cas particulier crée une incertitude quant à la possibilité pour le candidat de mener une campagne équitable depuis sa cellule.
Me Ngagne Demba Touré, représentant des partisans de Faye, insiste sur le principe de l’égalité entre les candidats, demandant la libération du détenu en invoquant l’article L.130 du code électoral sénégalais. Selon lui, la Cour d’Appel de Dakar doit intervenir pour garantir cette égalité, y compris en sollicitant la libération provisoire de Bassirou Diomaye Faye.
La requête en liberté provisoire et les précédents juridiques
Les avocats de Faye ont saisi la justice avec une nouvelle demande de liberté provisoire, basée sur une supposée rupture d’égalité entre les candidats. Cette requête vise à permettre à Bassirou Diomaye Faye de solliciter le suffrage de ses concitoyens sans entraves. La question se pose : le juge d’instruction accordera-t-il cette liberté provisoire, ou le candidat du Pastef suivra-t-il le même destin que Khalifa Sall en 2017 lors des Législatives ?
Campagne électorale depuis la détention : des exemples édifiants
Dr Cheikh Omar Diallo, fondateur de l’École d’Art Oratoire et de Leadership (EAO-Afrique), souligne des exemples de candidats confrontés à des obstacles juridiques majeurs ayant mené des campagnes électorales depuis leur lieu de détention. Il évoque des cas tels que Luiz Inacio Lula da Silva et Evo Morales, tout en rappelant les défis auxquels certains candidats, comme Hama Amadou, ont dû faire face. Dr Diallo indique que, dans le cas de Bassirou Diomaye Faye, la liberté provisoire ou des actions médiatiques à distance sont les options possibles en l’absence de la première.