La mission du Fonds monétaire international (FMI) au Sénégal, dirigée par Edward Gemayel, a tiré la sonnette d’alarme sur la situation économique du pays. L’économie sénégalaise traverse une période de ralentissement marqué, avec une croissance plus faible que prévue et un déficit budgétaire en nette augmentation. Cette situation inquiète les observateurs, alors que les perspectives pour le reste de l’année restent incertaines.
Une croissance en berne
Selon le FMI, l’activité économique a fortement ralenti au premier semestre 2024. La croissance du PIB réel n’a atteint que 2,3 % au premier trimestre, un chiffre bien en deçà des prévisions initiales. Cette contre-performance est principalement attribuée à la faiblesse des secteurs minier, de la construction et agro-industriel. Le secteur primaire a également enregistré un essoufflement.
Si la production d’hydrocarbures devrait apporter une bouffée d’oxygène à l’économie, le FMI a revu à la baisse ses projections de croissance annuelle. Initialement estimée à 7,1 %, elle ne devrait finalement atteindre que 6 % en 2024. Plus alarmant encore, la croissance hors hydrocarbures ne dépasserait pas 3,3 %, contre 4,8 % prévus en juin.
Des finances publiques sous tension
L’exécution budgétaire à fin août 2024 a révélé un manque à gagner important en termes de recettes, alors que les dépenses sont restées élevées. Le recours à des emprunts commerciaux externes à court terme, souvent coûteux, a aggravé la situation.
Le FMI estime que le déficit budgétaire pourrait dépasser 7,5 % du PIB, soit bien au-delà des 3,9 % prévus initialement. Cette situation pourrait retarder l’atteinte de l’objectif de déficit de 3 % du PIB fixé par l’UEMOA pour 2025.
Pour rétablir la trajectoire des finances publiques, le FMI recommande plusieurs mesures, dont la rationalisation des exonérations fiscales et la suppression progressive des subventions énergétiques non ciblées. Le Fonds insiste également sur la nécessité d’apurer les impayés envers les entreprises privées, en particulier dans les secteurs de la construction et de l’énergie, afin de restaurer la confiance des investisseurs.
Des réformes urgentes à mettre en place
Outre les ajustements budgétaires, le FMI appelle à des réformes structurelles profondes. Parmi les priorités figurent la révision de la formule de tarification des produits pétroliers et l’amélioration de la viabilité financière de la SENELEC. Le gouvernement devra également mettre en place une nouvelle structure tarifaire de l’électricité, intégrant un tarif social destiné à protéger les ménages les plus vulnérables.
Sur le plan financier, le FMI se félicite des avancées du Sénégal dans la mise en œuvre des recommandations du Groupe d’action financière (GAFI), qui devraient faciliter la sortie du pays de la « liste grise ». Ces efforts sont jugés essentiels pour améliorer le climat des affaires et renforcer la confiance des investisseurs.
Un engagement réaffirmé des autorités
Face à ces défis, les autorités sénégalaises ont réaffirmé leur engagement en faveur des réformes économiques soutenues par le FMI. Elles ont notamment mis en avant leur volonté d’assurer la transparence et la bonne gouvernance dans la gestion des finances publiques. Un audit général est en cours, dont les conclusions devraient guider la mise en place d’actions correctives pour remettre l’économie sur de bons rails.
Durant sa mission, l’équipe du FMI a rencontré plusieurs hauts responsables du gouvernement, dont le Premier ministre Ousmane Sonko, le ministre de l’Économie Abdourahmane Sarr et le ministre des Finances Cheikh Diba. Des discussions ont également été menées avec des représentants du secteur privé et des partenaires au développement.
Les prochaines évaluations du programme économique soutenu par le FMI sont prévues pour fin octobre 2024. D’ici là, les autorités devront démontrer leur capacité à prendre des mesures fortes pour restaurer la stabilité macroéconomique du pays.
