L’armée malienne et ses alliés russes ont subi un sérieux revers et de lourdes pertes lors de combats avec les séparatistes dans le nord du Mali, près de la frontière algérienne.
Combats intenses à Tinzaouatene
Les combats, parmi les plus violents depuis plusieurs mois, ont éclaté jeudi dans la localité de Tinzaouatene, après que l’armée malienne a annoncé la prise de contrôle d’In-Afarak, un important carrefour commercial à 122 km au nord-ouest de Tessalit, dans la région de Kidal.
Mohamed Elmaouloud Ramadane, porte-parole d’une alliance de groupes armés séparatistes dominée par les Touaregs (CSP-DPA), a déclaré à l’AFP que les combattants de l’Azawad contrôlaient désormais Tinzaouatene et d’autres zones au sud dans la région de Kidal. Selon lui, les mercenaires russes et les forces armées maliennes (Famas) ont fui ou se sont rendus. Il a également partagé des vidéos montrant de nombreux cadavres de soldats maliens et leurs alliés russes.
Témoignages et pertes humaines
Certaines vidéos montrent des soldats blancs parmi les prisonniers. Un élu local a indiqué à l’AFP que l’armée malienne avait reculé, évoquant un bilan provisoire d’au moins 17 morts. Les forces du CSP seraient toujours à Tinzaouatene, tandis que l’armée malienne et les mercenaires russes de Wagner auraient quitté la zone. Les combats se seraient déplacés plus au sud, vers Abeïbara.
Un ancien employé de la mission de l’ONU à Kidal a rapporté qu’au moins 15 combattants de Wagner avaient été tués ou capturés après trois jours de combats. Il a ajouté que des renforts de l’armée malienne avaient quitté Kidal pour se rendre à la frontière algérienne et que des avions avaient été vus dans le ciel.
Mossa Ag Inzoma, un cadre du mouvement séparatiste, a affirmé que des dizaines de soldats de Wagner et des Famas avaient été tués ou faits prisonniers.
Réactions de l’armée malienne
Dans un communiqué, l’armée malienne a indiqué que ses unités avaient amorcé un retrait stratégique dans la nuit du 26 au 27 juillet 2024, après trois jours de patrouilles dans le secteur de Tinzaouatene. L’armée a précisé que les combats violents contre la coalition des terroristes se poursuivaient et que la situation restait sous surveillance étroite. Cinq cibles terroristes ont été neutralisées avec succès par les vecteurs aériens de l’armée malienne.
L’armée communique rarement sur ses pertes, et la pression des groupes armés et des militaires au pouvoir a réduit au silence la plupart des sources d’informations indépendantes dans les zones de conflit.
Vendredi soir, l’armée malienne a signalé un « atterrissage d’urgence » d’un hélicoptère en raison de « difficultés techniques », sans faire de victimes. Un porte-parole du CSP a cependant affirmé que les séparatistes avaient touché l’hélicoptère, provoquant son écrasement.
Contexte politique et militaire
Depuis leur prise de pouvoir en 2020, la junte dirigée par le colonel Assimi Goïta a fait de la reconquête du territoire national une priorité. Depuis fin 2023, les groupes armés séparatistes ont perdu le contrôle de plusieurs localités du Nord, culminant avec la prise de Kidal, un bastion de la revendication indépendantiste.
Depuis 2022, l’offensive dans le nord du pays a donné lieu à de nombreuses allégations d’exactions contre les civils par les forces maliennes et leurs alliés russes, que les autorités maliennes démentent.
Le Mali est également confronté depuis 2012 aux attaques de groupes affiliés à Al-Qaïda et à l’organisation Etat islamique, ainsi qu’à des violences intercommunautaires et criminelles. Depuis 2022, la junte malienne a rompu son alliance avec la France et ses partenaires européens pour se tourner vers la Russie.
