Touba est la première ville intelligente d’Afrique (en 2050). Elle doit ce statut à son Calife, le très respecté Cheikh Ahmadou Bamba MBACKE, surnommé Serigne Touba II, tant il ressemble physiquement et dans son comportement à son vénéré aïeul, le fondateur du mouridisme dont il porte le nom.
Incontestablement, il est l’un des plus grands érudits de son temps. Il a mémorisé tout le Coran à l’âge de 10 ans et l’a écrit de sa propre main une dizaine de fois sans qu’il n’y ait la moindre faute. Il est docteur dans nombre de sciences islamiques et est l’un des plus grands connaisseurs et interprètes des écrits (khassaïdes) du fondateur du mouridisme, qui est l’être humain qui a le plus écrit sur terre, ce dont témoigne les milliers de volumes contenus dans sa bibliothèque.
De plus, le Calife détient un doctorat en technologies intelligentes obtenu à l’Ecole des technologies intelligentes du Sénégal (ETIS) située à Diourbel, la région qui englobe Touba sa ville natale et capitale du mouridisme.
Dès son accession au califat à l’âge de 33 ans, le Calife s’était fixé deux buts essentiels qu’il a tôt fait d’atteindre : donner à Touba une ossature et une gestion dignes de son statut de deuxième ville économique du Sénégal et, chose plus importante encore, réceptacle du plus grand rassemblement religieux de tout le monde islamique, après le pèlerinage à la Mecque.
En effet, le Magal de Touba célébrant le départ en exil du Fondateur rassemble des millions de personnes.
« Il n’est pas possible que Touba joue pleinement son rôle avec des infrastructures et une gestion de gros village », avait-il confié dès l’entame de son magistère.
« Notre grande chance est que nous avons la plus grande force motrice de tout temps et de tout lieu, qui sont la foi et l’engagement. C’est essentiellement ce qui caractérise cette Voie. Nos disciples ont tous intériorisé profondément cet enseignement fondamental de notre vénéré Fondateur : le travail et l’adoration, l’adoration par le travail, le travail comme adoration.
C’est sur cette base que nous allons apporter notre modeste contribution à cette Voie qui n’a pas d’autres références que le Coran, la Sounna et les enseignements du Fondateur. Sur ces derniers, il y a très peu que nous puissions faire d’autre que les pertinentes mises à jour nécessaires en fonction de nos réalités contemporaines pour faire vivre la lettre et ne jamais trahir l’esprit.
Nous avons les moyens de faire en sorte que les problèmes d’eau, d’électricité, de transport, d’assainissement disparaissent à tout jamais de Touba. Je vais mettre immédiatement en place autour de moi une équipe chargée de suivre tous les secteurs d’activités et de me faire des propositions dans le cadre du projet « Touba, ville moderne ».
Y compris nos relations avec l’extérieur car, du fait de la grande importance de la communauté mouride dans le monde entier, nombre de chefs d’Etat et de personnalités sont venus jusqu’à Touba. Nous avons l’obligation de faire germer ces relations pour le bénéfice de tous. Je donne à tous rendez-vous dans un mois exactement pour le démarrage effectif de cette volonté que je sais partagée avec tous. »
Des murmures et clameurs d’approbation accompagnent ce premier discours .
Le Calife se mit immédiatement au travail, en constituant une équipe pluridisciplinaire de collaborateurs sur la base de la compétence et de l’intégrité à qui il confie des fonctions spécifiques et des orientations très précises : dogme et moralité, infrastructures, économie et finances, relations avec le reste du monde. D’aucuns parlent même de gouvernement, ce que le Calife réfute en faisant juste remarquer qu’il lui est impossible de faire à lui tout seul le travail.
Pour le Calife, le développement urbain de Touba doit être apte à faire face aux besoins des institutions, des entreprises et des citoyens, tant sur le plan économique, social qu’environnemental. Il veut une ville intelligente, c’est-à-dire que tous les investissements en capitaux humains, sociaux, en infrastructures de communication traditionnelle et moderne doivent alimenter un développement économique durable ainsi qu’une qualité de vie élevée, avec une gestion avisée des ressources naturelles et, ce, à travers une gouvernance participative dans laquelle tous les habitants de Touba doivent avoir leur mot à dire pour corriger et améliorer ce qui doit l’être.
Les résultats n’ont pas tardé à suivre, les Mourides du monde entier en faisant un défi à relever impérativement. Le Calife avait rappelé que le moins difficile dans cette entreprise était de rassembler les fonds nécessaires car les disciples mourides peuvent financer tous ces projets sans aucun problème. Ce qui a été largement démontré. Il n’y a pas un seul projet qui n’ait trouvé des volontaires engagés à le financer totalement.
Un système simple avait été mis en place : des engagements fermes sont requis pour chaque projet et personne n’a fait défaut pour honorer le sien. La capacité de mobilisation des ressources financières a été exceptionnelle, et de bon cœur, de la part des disciples mais aussi de la Banque mouride de Touba (BMT), l’institution bancaire de référence. L’Etat n’a pas mis un seul franc.
Il n’y a plus de problème d’eau et d’assainissement à Touba ; l’éclairage public est partout présent ; toutes les rues sont dallées ; les calèches ont laissé la place à de plaisantes voitures solaires circulant sur des trajets parfaitement bien tracés ; les visites aux lieux saints sont magistralement organisées et le service d’ordre et la sécurité sont tout simplement remarquables de compétence. La propreté des rues est tout simplement frappante, les services de voirie montrant un zèle particulier dans la gestion des ordures ménagères qui sont transformées en engrais au centre de recyclage. Il s’y ajoute la correction des habitants qui respectent à la lettre les consignes du Calife de ne jamais disposer anarchiquement les détritus.
Le Calife avait été très clair :
« Nous ne commencerons à atteindre nos objectifs que lorsque tous les habitants de Touba, sans exception, appliqueront le principe de ne jamais jeter des ordures dans la rue, de ne jamais y uriner, de ne jamais y cracher. »
Ce pari semble être gagné car la correction des habitants de Touba rivalise d’avec celle des nations les plus propres au monde. D’ailleurs, et régulièrement, Touba est toujours classée comme la ville la plus propre dans toute l’Afrique sub-saharienne.
Deux autres paris ont été gagnés : le premier est la reforestation de Touba. Il est même désormais interdit d’y planter des arbres pour éviter une trop grande congestion arboricole. Sous la houlette de son conseiller en charge de l’Environnement, le Calife s’y est pris de manière très pragmatique. Un périmètre d’une centaine d’hectares avait été dégagé ; puis, il avait demandé à chaque disciple venant à Touba pour le Magal annuel d’y planter un arbre. Des millions d’arbres ont ainsi été plantés en trois ans seulement, bénévolement.
« Il faut les gérer maintenant, dit le Calife. Planter un arbre est un des actes les plus nobles sur terre. Je vous rappelle juste ces paroles du Messager d’Allah (PSL) : «Si vous teniez un arbre pour le planter et que la trompette du Jugement dernier sonne, plantez-le tout de même.» »
Le second pari gagné est le creusement et l’alimentation d’un lac artificiel d’une profondeur de 10 mètres et ayant un bassin hydrographique actif de 50 km2. Là aussi, c’est la Ville de Touba qui a pris en charge les travaux de creusement et le Calife avait demandé aux disciples qui viendraient au Magal annuel, bénévolement, de remplir le lac avec tout ce qui serait à leur disposition comme récipient. Ce qui fut fait. De simples sachets d’eau aux camions citernes, tout le monde s’y est mis. Le lac est là, dénommé Lac mouride.
Tenant au savoir spirituel et temporel comme à la prunelle de ses yeux, le Calife veille jalousement à ce que les nombreuses écoles de la ville qui accueillent des étudiants du monde entier soient dotées de tous les moyens pour un enseignement de qualité relevant tous les défis contemporains et futurs.
« Un homme accompli ne peut être ignorant et le mouridisme est la Voie du savoir, notre vénéré fondateur étant l’homme qui a le plus écrit sur terre », aime t-il à rappeler. En termes de capacité, de contenu, d’encadrement pédagogique et de cadre de vie, le système éducatif mis en place n’a rien à envier à aucun autre dans le monde.
« L’éducation doit préparer tous les acteurs à être des gens capables d’exprimer le meilleur d’eux-mêmes à travers la production d’idées, de concepts et de technologies ; de plus, il faut impérativement mettre l’accent sur la compétence et l’intégrité morale et spirituelle », déclare explicitement le Calife dans tous les documents d’orientation générale envoyés annuellement à tous les chefs d’établissement.
Lorsque le Calife s’éteint après douze ans à la tête de la communauté mouride, Touba est citée partout dans le monde comme ayant réussi un développement endogène en s’appuyant entièrement sur les ressources propres de ses hommes et femmes, sans aide ni concours de l’Etat central. Nombre de communautés de base du monde entier y viennent régulièrement pour s’inspirer de son modèle.